Inflation : A qui profite le crime ?

Quand j’étais étudiant en ce qu’on appelait, à l’époque, l’Economie politique et pas encore science économique*, l’inflation était d’actualité. Des explications foisonnaient. On trouvait bien évidemment l’inflation par les coûts. Traduisez, les salaires sont trop élevés, il faut donc augmenter les prix de vente pour compenser cette hausse. Traduisez : pour maintenir les marges bénéficiaires : les profits en d’autres termes moins édulcorés. Tout aussi pertinente, l’explication de l’augmentation de la demande : les français veulent trop acheter, traduisez, ils gagnent trop d’argent, l’inflation par la rigidité du système de production. La variation de la demande est trop rapide et la production ne suit pas, donc on augmente les prix pour dissuader les français d’acheter immédiatement, l’inflation par le différentiel de parités des monnaies. Les Allemands achètent trop en France avec leur Mark si élevé.

Face à toutes ces explications toutes sortes de remédies ont été tentés en vain. La fameuse politique de stop and go furent un échec. Stop, on bloque les salaires mais le PIB dégringole, go, on débloque les salaires et l’inflation repart.  Avec les variations des taux de chance et les dévaluations, les spéculateurs s‘en sont mis plein les poches.

Aujourd’hui on parle différemment. On oublie toutes ces explications et ces politiques qui ont échoué et on affole le peuple. C’est la crise, c’est la fin de l’abondance, c’est de la faute des Russes et du dérèglement climatique, traduisez de chaque citoyen et non des hommes et choix politiques ! On s’aperçoit que si les « éléments de langage » changent les analyses de perlimpinpin sont toujours aussi foireuses. Comment expliquer logiquement que les prix à la pompe s’envolent alors que les sociétés pétrolières font des profits comme jamais et que les deux choses n’ont rien à voir.? L’explication, par l’augmentation des coûts ne tient pas. Qui se souvient ses dernières augmentations de salaires ? Pour l’explication par les coûts de production ; regardons ! Quelle est la part du baril de brut dans les coûts de production des carburants ? Quant aux installations, elles sont amorties et ces coûts qu’on appelle dotations aux amortissements s‘étalent en général, de façon égale sur sept à vingt-cinq ans.

Alors ? Et bien regardons du côté de ces profits et de la distribution de dividendes. Le gouvernement fait semblant de croire qu’il ne peut rien faire face à ces compagnies. Il peut très bien bloquer les prix mais il ne le veut pas. On voit au service de qui il agit. La seule explication plausible de l’inflation actuelle et le regain de la lutte de classes. D’ailleurs des signes ne trompent pas. Rappelons la panique de la droite quand la NUPES s’est créée. Rappelons les résultats aux élections présidentielles et législatives. Acculé, ce gouvernement joue les pompiers en éteignant tous les foyers d’incendies qui couvent, arrosant ici et là et prenant des mesurettes temporaires comme la baisse du prix des carburants. Le but est de tenir tout en maintenant la ligne lutte de classes qu’incarne Macron. D’ailleurs cette inflation n’est-elle pas la bienvenue pour rembourser sur le dos de tous les citoyens le « quoi qu’il en coûte » par l’augmentation des recettes de la TVA liée à la hausse des prix. On le voit ce gouvernement de classes s’appuie sur l’impôt le plus injuste pour régler ces promesses et ses cadeaux aux entreprises qu’il a gavées de subventions pendant le COVID. Belle aubaine et belle excuse. Le COVID passé, c’est l’Ukraine.

 

*Il ne s’agit uniquement d’un changement de sémantique. On voudrait élever l’économie au rang d’une science, donc lui ôter son caractère politique et lui conférer le sérieux des sciences neutres et hors du débat politique. C’est la même chose pour le faux Prix Nobel d’économie. Il s’agit en fait du « Prix de la banque de Suède pour l’économie en mémoire d’Alfred Nobel ». Nobel n’a jamais mentionné l’économie dans son testament. Il a été créé et doté par la Banque de Suède en 1968, à l’occasion de son 300e anniversaire, et décerné pour la première fois en 1969. A lire le titre réel de cette distinction et qui l’a porté sur les fonds… baptismaux, on devine facilement qui en est honoré. Dis-moi qui d’encense et je te dirai qui tu es !

 

Réponses

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *