note de lecture: La mafia d’Etat
LA MAFIA D’ETAT
Vincent Jauvert, journaliste.
Publié en octobre 2021, ce livre aborde un sujet rarement évoqué: les liens étroits entre les hauts fonctionnaires d’État issus de l’ENA, du corps des Ponts ou des Mines et les grandes entreprises.
Vincent Vauvert y établit l’ inventaire d’une quarantaine de ces grands commis de la République aujourd’hui PDG du CAC 40.
Certains sont connus, comme Edouard Philippe, ancien premier ministre aujourd’hui administrateur d’une grande société privée Atos, Guillaume Pepy, ancien patron de la SNCF devenu président du groupe Lagardère et administrateur de Suez, ou Jean-Pierre Jouyet, ancien secrétaire général de l’Elysée, ex-secretaire de cabinet adjoint de Lionel Jospin à Matignon, aujourd’hui membre du Conseil d’administration de Covéa, grand groupe d’assurances.
Et beaucoup d’autres, dont les noms ne vous diront probablement rien comme Jean-Dominique Comolli, François Heilbronner, Jean-Paul Fougère, Antoine Gosset Grainville, Jean-François Cirelli, Anne-Marie Idrac, etc…, qui agissent dans l’ombre.
Non élus, bien évidemment, ils ont été nommés conseillés de cabinets de ministres de divers gouvernements, de F. Mitterand, J. Chirac, L. Jospin, F. Fillon à E. Macron.
Leur influence a agit principalement sur la privatisation de grandes entreprises publiques comme Axa, Suez, Total, Bouygues, Saint Gobin, BlackRock France, etc… dont ils deviennent ensuite patrons ou membres du conseil d’administration, (voir ci-dessous une liste des grandes entreprises privatisées en France durant les quarantes dernières années).
Bien sûr, la loi de 1983 sur la fonction publique stipule qu’un fonctionnaire ne peut « participer aux organes de direction de société à but lucratif ». Mais la durée de 10 ans au départ de cette interdiction s’est réduite, à 5 puis à 3 ans par leur soin, profitant de leur position dans l’appareil d’État, leur permettant d’accéder aujourd’hui à des revenus de fortunes à 6 ou 7 chiffres, de bénéfices, de jetons de présences aux conseils d’administrations et de retraites chapeaux.
Ce mécanisme de collusion généralisée entre le pouvoir politique, la haute administration et le pouvoir des affaires date depuis au moins les années 1970. La haute administration a saisi une opportunité au travers des privatisations pour survivre au déclin de la puissance publique. Elle a abandonné la notion de service public pour des profits personnels. Ce petit groupe de techniciens s’entraident, se cooptent, se ménagent les réciprocités nécessaires à la pérennité de ce mécanisme.
Il s’agit simplement en fait d’un fonctionnement de classe. Car si la conscience de classe ouvrière est dénigrée, jugée et qualifiée dépassée par la haute bourgeoisie, il n’en est pas de même dans son camp.
Le capitalisme a de fait colonisé la haute administration étatique.
Mais bien qu’ils aient l’argent, nous sommes toujours plus nombreux. Il s’agit toujours d’un rapport de force.
Laurence.
PRIVATISATIONS
1987 : TF1, Société Générale, Suez, Alcatel, Alstom, Mutuelle Générale française, Banque du bâtiment et travaux publics, Bouygues, Crédit Commercial de France, Havas
1988 : Matra, Suez
1990 : Renault
1993 : Rhône Poulenc, BNP
1994 : Total, Elf Aquitaine, UAP, COFACE
1995 : Péchiney, SEITA
1996 : AGF, CGM (Compagnie Générale Maritime)
1997 : France Télécom, Crédit du nord
1998 : Gan, CIC, Thomson
1999 : Air France, Crédit Lyonnais , CNP
2005 : Gaz de France, autoroutes
2010 : La Poste
2014 : Aéroport Toulouse Blagnac
2016 :Aéroports Lyon et Nice-Côte d’Azur
2017 à 2020 : EDF, La Française des jeux, Fret et voies SNCF
Réponses